Deux choses à voir : le prétendu aspect manichéen de LOTR et l'analyse critique que l'on peut en tirer.
La première chose, dans Tolkien, tout noir, gris, blanc : Il y a de la couleur !
Ce que j'entends par là, c'est qu'il n 'y a pas d'un côté : les gentils orcs, gobelins, trolls, Sauron, etc. et de l'autre les méchants humains, elfes, nains, hobbits, lapinscrétins...

Il y a des elfes, premiers enfants d'Illuvatar (le créateur...), qui snobent un peu les autres races, ils ont leur propre histoire, et celle-ci est loin d'être un téléfilm de Disney : Exodes, guerres, terreurs, massacres et trahison : je vous renvoie aux ouvrages de référence sur la question le Silmarillon, les comtes et légendes inachevées, et éventuellement le livre des comptes perdus !
Notons que parmi les elfes, il y a une catégorie d'elfe particulièrement surprenante : les orcs ! des elfes dont l'existence a peu à peu été aliénée, corrompue.
Les nains, qui sont des êtres, pas foncièrement mauvais, mais par contre très avides de richesse, on le voit à la fois dans Bilbo le hobbit, mais aussi dans le seigneur des anneaux (leur retour dans la moria est tout a fait symptomatique).
Les humains : Parmi ceux là il y a une telle disparité que faire un inventaire des courants de pensée prendrait des heures. Mais pour servir l'argumentation quelques exemples devraient suffire : Le gondor, royaume fier qui fait front face à la menace du Mordor et qui se retrouve au pied du mur (à noter que leur situation n'est pas sans rappeler celle des crabes dans rokugan...). L'autre exemple, l'un des plus marquant, à mon avis, est celui des montagnards du gondor, ce peuple qui a trahis l'alliance contre sauron lors de la première guerre de l'anneau, et qui reviennent (c'est le cas de le dire) pour payer leur dette à Aragorn dans la bataille de Pelennor (la bataille devant Minas Tirith pour ceux qui ne suivent pas). Ils n'ont pas trahis parce qu'ils étaient méchants ou quoi que ce soit... ils ont juste refusé d'aller se battre, de risquer leur peau pour un royaume qui les avait sans doute pas mal délaissé (c'est d'ailleurs la même chose pour les montagnards du rohan qui se sont laissés abuser par Sarouman qui leur a promis plus de sécurité s'ils les aidaient à virer cette bande de rohirims immigrés illégitimement sur leurs terres et venant leur voler leur pain...) : Ce sont tout simplement des mutins, qui le royaume du gondor a traité comme tel.
Dernier exemple : Les hobbits, ces gentilles créatures, à qui on donnerait le bon Dieu sans confession... c'est marrant, mais en lisant l'histoire de Gollum qui a tué son ami pour prendre l'anneau, qui a commis on ne sait pas combien de méfaits grâce à l'anneau avant de se retirer, complètement fou dans les montagnes... j'ai pas la même image. Même chose, il faut voir le nombre de collabos parmi les Hobbits de la comté à la fin de la seconde guerre de l'anneau mes amis ! Ils ne sont pas si nombreux ceux qui se sont dressés face à Saruman et ses hommes lorsqu'il est venu envahir la comté...
Je pourrais en citer plein des exemples, le bouquin est beaucoup plus complexe que ce que vous ne laissez transpirer (ce n'est pas juste deux ou trois cas au détour de l'histoire)... alors pourquoi cet apparent (car selon moi il ne s'agit que d'une apparence) manichéisme ?
Pour moi, il faut chercher la réponse dans la façon dont Tolkien a écrit son bouquin.
La grande ambition de Tolkien était de faire naître une véritable légende, une rhapsodie monumentale ! Et là-dessus je pense qu’il n’a pas trop mal réussi !
Le seigneur des anneaux n’est que la partie émergée de l’iceberg, le récit de la fin du IIIème âge du monde de Tolkien. Il est écrit comme un roman historique (de fiction certes, mais c’est la forme qui est intéressante). On le voit notamment parce que Tolkien s’est masqué derrière la plume de trois auteurs au cours du livre : tout d’abord Bilbo, puis Frodo, (et enfin Sam, pour l’épilogue), dans deux récits nommés « There and back again » (qui raconte les évènements comté dans Bilbo le hobbit) de Bilbo Baggins et « The lord of the rings », de Frodo Baggins.
Que doit-on tirer de cette mise en abyme ?
Et bien selon moi, on doit en déduire le côté subjectif du récit. Il s’agit d’un récit historique raconté par deux protagonistes, et non des moindres, du camp vainqueur. Et ça, ça ne compte pas pour rien.
Parce que Laurent à raison quand il dit que tous les haradrims n’étaient pas des méchants… en fait c’est même plutôt le contraire. On sait très peu de chose sur eux, tout ce que l’auteur nous apprend sur eux, c’est qu’une partie de ce peuple a prêté allégeance au Mordor, et pour autant qu’on le sache, il n’étaient pas des milliers sur les plaines du Pelennor, quelques centaines… ce n’est qu’une partie infime de la population. A noter d’ailleurs à ce sujet que dans l’histoire de la terre du milieu, les haradrims et le gondor ont entretenu des relations commerciales. Il a sans doute suffit d’un gouvernement corrompu qui décide de mettre ses forces armées au service du Mordor dans l’espoir de s’approprier les terres et ressources du gondor pour que les choses tournent tel qu’il est raconté dans le livre.
Mais bien entendu, l’histoire étant écrite par le vainqueur, elle est biaisée, incomplète, il faut lire entre les lignes pour voir derrière l’apparence du manichéisme.
J’espère que j’aurais au moins réussi à éclairer votre jugement sur cette œuvre qui ne mérite, à mon sens, pas le sort que vous lui avez fait sur le forum.
Je n'en écrit pas plus, mais je répondrais avec plaisir à vos remarques éventuelles.